La peur est une émotion qui nous accompagne tout le long de notre vie. Elle est parfois forte, sous-jacente, terrassante, nous pousse dans l’inertie, nous fait souffrir. Ce serait tellement plus simple si nous pouvions la faire taire, l’ignorer, mais ce n’est pas possible. Se confronter à la peur est selon moi un acte de courage. L’apprivoiser mène vers l’authenticité et ouvre aux possibles de la vie comme le témoignent les personnes qui viennent s’y frotter dans mon cabinet de Gestalt Thérapie.
La vie « propre », la nôtre, est aujourd’hui une vie expérimentale, selon le sociologue allemand Ulrich Beck. Qu’est-ce que cela veut dire ? Les bonnes pratiques, transmises de génération en génération et la répartition stéréotypée des rôles sont vouées à l’échec dans une société confuse, agitée et incertaine. Il n’est plus possible de prévoir à quoi ressemblera le futur à partir du présent ou du passé. Les figures modèles qui servent à l’orientation de sa propre vie sont devenues rares.
« L’homme d’aujourd’hui doit inventer une nouvelle manière de vivre sa vie »
La vie propre à chacun doit régulièrement s’ajuster à la vie sociale. D’un côté, devant la dissolution des modèles, l’individu peut ressentir une grande liberté. De l’autre, l’éclatement de nombreuses normes sociétales et aspirations à atteindre, fait surgir une exigence bien plus soutenue : « L’homme d’aujourd’hui doit inventer une nouvelle manière de vivre sa vie » dit Verena Kast (Zäsuren und Krisen im Lebenslauf, Wiener Vorlesungen, 1998).
Face aux exigences culturelles et sociales
Avec le terme « propre vie », Beck livre un diagnostic temporel multiple. L’aspect suivant semble particulièrement important. Dans une période où l’individu est hautement sociabilisé, il doit faire face à des exigences culturelles et sociales très variées au travail, dans la famille et dans l’espace réservé à ses loisirs. De plus, il doit faire preuve d’autonomie dans son existence. Il s’agit ainsi d’une vie qui n’est pas simplement acquise par naissance, mais qui est à construire individuellement et socialement et pour laquelle il faut fournir des efforts.
Dans des temps anciens, il était normal de perpétuer la même profession de génération en génération, au moins pour un membre par famille. Ce continuum n’existe plus de nos jours, ni chez les hommes, ni chez les femmes.
Nous voyons bien que les femmes ne vont plus forcément perpétuer leur condition de mère et de femme au foyer. Elles intègrent des professions très longtemps réservées aux hommes et aujourd’hui, tous les métiers sont à leur portée. De même, il est de plus en plus courant de voir les hommes revendiquer une place très différente dans l’éducation et être davantage investis dans l’accompagnement de l’enfant, notamment dans l’élément fondamental qu’est la construction de sa relation à autrui. (Caring, Milton Mayeroff, 1971)
Ecrire notre propre scénario de vie
Ces nouveaux paradigmes font résonner l’ouverture, la liberté, les possibilités de se réaliser soi-même, en autonomie et responsabilité. En contrepartie nous sommes condamnés à la liberté comme le dit J.P. Sartre et donc forcés d’écrire notre propre scénario de vie. Nous sommes contraints à l’action. Il va sans dire que cela englobe, non seulement la possibilité de la réussite, mais aussi la possibilité de l’échec. La biographie normée se transforme alors en une biographie de choix, une biographie composée de constructions et d’effondrements. La vie « propre » implique une vie réflective. Réflexion, discussion, négociation, compromis, responsabilité individuelle, autodétermination, constituent les mots clés du citoyen et de la citoyenne responsable de nos jours.
Le processus d’individuation
Ce que Beck désigne avec l’expression « vie propre » rejoint dans les grandes lignes le but du processus d’individuation de C.G. Jung (Die Psychologie der Übertragung, 1972, Olten). Il s’agit d’un processus par lequel l’Homme se confronte constamment au monde. Jung prend en compte, d’un coté les normes et valeurs collectives, et, de l’autre les exigences du monde intérieur, de la psyché qui s’expriment en rêve et par aspirations.
Car ce qui est attendu par les familles et ce qui est unique chez un individu ne sont pas obligatoirement identiques. Cette contradiction permanente amène l’individu à devenir toujours davantage celui ou celle qu’il ou elle est fondamentalement. Autrement dit, l’individu se réalise de plus en plus authentiquement. Au fur et à mesure de ce processus, sa vie devient ainsi « propre » dans sa relation au monde.
L’approche de la Gestalt Thérapie est fondée sur une idée similaire. Elle aussi considère la croissance de l’être humain en relation avec lui-même et son environnement comme indissociables. La différence notable est que la Gestalt Thérapie propose d’explorer la relation de l’individu au monde à partir de l’ici et maintenant. C’est la relation actuelle avec l’environnement, et non celle de son passé, qui ouvre la possibilité de croissance et d’expérimentation interactive et vivante d’une nouvelle façon d’être au monde.
Notre cheminement dépend de nos choix
Réussir ce processus de vivre sa « propre » vie dépendra en grande partie de la volonté des hommes et des femmes de se confronter à soi. Quasiment toute notre « propre » vie dépend des choix que nous faisons. Prendre une décision est un défi majeur pour l’individu face à l’imprévisibilité d’aujourd’hui. Cela provoque des peurs, en raison de la conscience que nous avons des conséquences éventuelles d’un mauvais choix. Des décisions doivent être prises sans disposer des paramètres nécessaires pour faire un choix éclairé. Quel que soit le contexte qui nous pousse à faire un choix, ce sera toujours un moment couplé avec une montée d’angoisse. La peur nous prend aux tripes face à des situations complexes, aux facettes multiples, dans lesquelles nous nous sentons impuissant(e)s et pensons ne pas pouvoir agir en adéquation. Plus la vie devient imprévisible, moins il y a de règles pour faciliter nos choix, plus la peur prend le dessus. Il serait donc utile, selon Verena Kast (Vom Sinn der Angst, 1996, Herder), que les Hommes apprennent comment traiter la peur de façon productive.
De nos jours, la gestion de la peur et de l’insécurité sont cruciales, aussi bien pour l’individu, que pour la société. Pour diminuer la peur il est impératif de se préoccuper en conscience du présent, dans l’ici et maintenant, afin d’envisager un futur constructif en confiance. Ce n’est qu’en gérant ses peurs que nous serons à même de faire des choix en conscience.
La Gestalt-Thérapie est une méthode thérapeutique humaniste et existentielle qui focalise son approche sur contact de la relation interpersonnelle dans l’ici & maintenant.
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Contact
Gabriele Eibner
Psychopraticienne de Gestalt Thérapie
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Practicienne EMDR Humaniste
Coach confirmée par Mozaik International
Gestalt Praticienne certifiée par l’École Parisienne de Gestalt